L’hypnose médicale comme solution face au burnout
Article d’Elodie ROUMAGNAC
« Jusqu’alors, je voyais et j’échangeais ; à présent j’observe et je rentre en communication… » Partage d’expériences autour de la place de l’hypnose médicale auprès des patients en phase de réhabilitation post Burn out
Introduction :
Alors que le monde du travail évolue, les conditions d’exercice s’en retrouvent impactées de toutes parts… Source d’épanouissement et de fort accomplissement, la sphère professionnelle peut néanmoins constituer de véritables zones d’ombres telles que le stress, l’isolement, les angoisses, le harcèlement, la surcharge de travail ou encore la perte de sens.
Le constat du burnout selon les études :
Une étude du cabinet Technologia révèle un chiffre alarmant : 3,2 millions d’employés, c’est à-dire 12% de la population active, présenteraient un “risque de burn-out” [1].
Par ailleurs, un sondage réalisé par Opinion Way en juin 2022 auprès de 2016 salariés français [2] met en exergue que la détresse psychologique des collaborateurs « reste à un niveau élevé et inquiétant ». Selon lui, elle toucherait 41 % des salariés, dont 14 % à un taux élevé.
En outre, 34 % des salariés français seraient en burn-out, et parmi eux 13 % en burn-out qualifié de « sévère » (soit plus de 2,5 millions de personnes).
Littéralement, le verbe anglais to burn-out signifie « brûler jusqu’à éteindre » ou « consumer ». Ainsi, la personne dans ce processus serait « consumée » par le travail. Le terme burn-out n’a pas toujours existé dans nos sociétés. Ce concept trouve son inspiration dans l’industrie aérospatiale. À l’origine, le terme caractérise une fusée à court de carburant et dont le moteur a surchauffé, menaçant ainsi l’engin d’explosion.
Les solutions aujourd’hui face au burnout :
J’évolue depuis quelques années au sein d’une clinique spécialisée en soins psychiatriques et plus particulièrement au cœur d’une Unité de Thérapie Brève (en Hôpital De Jour). Je propose également un accompagnement en activité libérale en banlieue toulousaine.
Tous les jours, nous voyons combien l’épuisement professionnel engendre des troubles pluriels d’ordre physique et/ou psychique. Chaque situation de souffrance au travail se veut bien évidemment singulière et les attentes des patients s’avèrent différentes : « comprendre ce qu’il s’est passé… arriver à lâcher prise… sortir de l’impasse… avancer plus vite dans la thérapie… mieux gérer mes émotions… apaiser mes angoisses ».
Les difficultés relatées apparaissent régulièrement comme insolubles ; toutefois, la manière dont elles sont initialement abordées ne laissent peu voire pas entrevoir de solution. De plus, les ressources sont inhibées et peu actives alors qu’elles lui sont si nécessaires.
Mon parcours allié à mes recherches en lien avec ma pratique ont contribué à divers constats et questionnements : quelle est la demande du patient en situation d’épuisement professionnel (amenée et/ou sous-jacente) et quels sont réellement ses besoins ? Quelles sont ses attentes immédiates et plus tardives ? Quels sont les moyens / les actions individuelles et collectives dont nous disposons (thérapeutes) actuellement pour favoriser sa réhabilitation ? Les stratégies thérapeutiques médicamenteuses et /ou non médicamenteuses sont-elles efficaces et suffisantes ?
Par ailleurs, malgré une asthénie majeure, les patients éprouvent des difficultés à se détendre et à retrouver le calme nécessaire pour se régénérer. Comment favoriser leur repos et leur récupération active à la fois ?
Plus largement, comment optimiser la mise en mouvement du patient freiné par ses symptômes physiques et psychiques ?
Et la place de l’hypnose médicale dans tout cela ?
Quelle serait donc la place de l’hypnose médicale dans ma pratique auprès des patients en phase de réhabilitation post burn-out ?
Tout ce cheminement a fait l’objet d’un mémoire de fin d’études dans le cadre de mon Diplôme Universitaire en Hypnose médicale.
En 1980, Herbert J. Freudenberger publie un livre édifiant sur l’épuisement professionnel. Il souligne que « la solution la meilleure, la personne l’a évidemment entre ses mains si elle peut prendre conscience de sa course et identifier à l’intérieur d’elle-même ce qu’elle veut vraiment, elle pourra freiner avant que le feu ne soit impossible à contrôler ».[3]
La majorité des études réalisées sur la Thérapie Cognitive et Comportementale conclue sur une amélioration des symptômes physiques et psychiques dans le cadre de l’épuisement émotionnel. La méditation aurait démontré son efficacité sur la diminution des symptômes du burn-out, sur la relaxation et sur la satisfaction personnelle des patients. Un mode de vie sain avec notamment une pratique sportive régulière, est également recommandé.
Par ailleurs, il est communément admis que le recours à l’hypnose médicale amène de grands changements tant dans la relation soignant-soigné que sur la prise en charge. Elle apporte des réponses modulées et mobilisent des ressources intérieures insoupçonnées.
Intégrée au parcours de soin des patients en phase de réhabilitation post burn-out dans lequel je m’inscris actuellement – en H.D.J. et en activité libérale -, elle apparait utile tant à titre curatif que préventif. Les multiples retours mettent en exergue de nombreux bénéfices tels que la diminution / la meilleure gestion de leur anxiété et une amélioration des douleurs physiques. De surcroît, elle permet de cultiver un sentiment de sécurité intérieure, une sensation d’équilibre, un gain de confiance en soi nécessaire pour panser l’avant et penser l’après.
Dans mon mémoire de fin d’études, il a été également entrevu que les personnes en situation d’épuisement professionnel perdent l’attention envers elles-mêmes, leur corps est désinvesti. L’autohypnose encourage la reconnexion avec soi, avec ses sensations d’une part et favorise l’identification d’éventuels signaux d’alerte d’autre part.
Jean-Marc Benhaiem, médecin hypnothérapeute, rappelle que cet état « permet de découvrir ses propres limites, et donc d’augmenter les chances de pouvoir aider ceux qui nous consultent. L’art médical n’en sera que sublimé et reconnu par les patients » [4].
Ainsi, l’hypnose constitue un atout majeur dans mon accompagnement ; elle semble bien avoir pleinement sa place, représentant un outil supplémentaire face à la multiplicité des symptômes, en adéquation avec les critères légaux institutionnels et éthiques du service.
Conclusion
Bonne route à tous !
Bibliographie :
[1] Détresse psychologique au travail : les chiffres du burn-out. (2021, décembre). Consulté le 5 juin 2023, de www.psychologue.net/articles/les-chiffres-du-burn-out
[2] Empreinte humaine & Opinionway. (2022). Baromètre T10. Consulté le 14 mai 2023, de https://empreintehumaine.com/wp-content/uploads/2022/07/BT10-Infographie-1-1.pdf
[3] Freudenberger, H. (1987), L’épuisement professionnel : la Brûlure interne. Ed. Gaétan Morin, p. 3
[4] Le Hen, L. (2019). L’hypnose, un nouvel outil pour améliorer la communication thérapeutique, la gestion du stress et de l’anxiété. Hal open science. Consulté le 2 juin 2023, de https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-02019415/document